Pourquoi la brûlure fait elle tant de dégâts en nous ?
Pour cela regardons d’un peu plus près ce que représente la peau.Elle représente 18% du poids total de notre corps adulte et ce n’est pas une enveloppe inerte. Elle contient des fibres nerveuses qui ont une fonction des plus importantes : celle de transmettre au système nerveux central (c.a.d le cerveau) des informations sur ce qui se passe à sa surface. Inversement des informations sont transmises depuis le cerveau vers la peau. Les informations marchant dans les deux sens : de la peau vers le cerveau et du cerveau vers la peau. Peau et cerveau ont la même origine dans le développement de l’embryon. Ils sont tous les deux issus du même tissu : l’ectoblaste. Ils se forment tous les deux au 21ème jour du développement du futur bébé.
Comment se fait la transmission des informations entre peau/cerveau et cerveau/peau ?
Elle se fait par l’intermédiaire de substances chimiques, appelées neurotransmetteurs, produites par la peau et le cerveau. A{“type”:”block”,”srcClientIds”:[“1d733a27-4098-48b1-aa31-04317c930827″],”srcRootClientId”:””} ce jour on connait une vingtaine de ces substances actives. Ainsi tout ce qui circule va contribuer à assurer notre état cutané. C’est pour cette raison que l’on dit que la peau reflète nos états d’âmes.
En lien direct avec le cerveau elle peut révéler un mal être qu’on ne parviendrait pas à exprimer autrement. Elle devient le miroir de nos émotions :
– la colère qui fait rougir
– la peur qui fait pâlir
– la douceur d’un massage qui apaise le cerveau.
La peau porte notre mémoire.
Elle a enregistré comme une plaque photosensible toute notre histoire.
Dès sa naissance, le nourrisson enregistre par sa peau de nombreux messages par le toucher. Ces messages s’inscrivent dans le psychisme participant ainsi à l’élaboration d’une enveloppe plus ou moins fragile. C’est le « moi », son début d’identité. Il s’élabore à partir de ces premières sensations de bien-être ou mal-être. Le bébé communique peau contre peau avec sa mère et va recevoir d’elle : sa paix, son calme, sa sécurité ou bien son stress, ses angoisses, sa tristesse.
Après cette première étape, d’autres suivent permettant à l’enfant d’accéder à son développement psychique total.
Les grands brûlés
Chez la personne brûlée, il y a une atteinte plus ou moins grave de la peau. C’est l’enveloppe à la fois corporelle et psychique qui est touchée du fait de la connexion peau/cerveau.`
La question qui se pose est alors : Comment et que reconstruire quand ce « Moi-peau » est atteint ?
Un exemple (issu du livre de Didier Anzieu « le Moi-peau ») peut nous y faire réfléchir.
Un jeune homme atteint d’importantes brûlures suite à un accident de travail était dans sa chambre et avait demandé une dose supplémentaire de calmant à cause de douleurs physiques lancinantes. Le malade ne se plaignait pas sans raison habituellement, donc l’infirmière accepte mais elle est occupée et tarde à venir.
Pendant ce temps, le psychologue qui était resté auprès de lui s’entretenait de sa vie, de son histoire, de ses problèmes personnels qui lui tenaient à cœur. Quand l’infirmière est arrivée avec les antalgiques quelques temps après, il les a refusés en disant d’un grand sourire qu’il n’avait plus mal. La présence à ses cotés de quelqu’un qui n’en voulait pas qu’à son corps mais qui s’occupait uniquement de ses besoins psychiques, a permis de restaurer la communication avec l’autre et donc avec lui-même.
Par la parole un début de reconstruction s’entrouvre.