Le recours à la cure thermale est devenu un élément incontournable dans la prise en charge des séquelles cicatricielles. Cette démarche s’inscrit dans une prise en charge globale qui associe soins thermaux et éducation à la santé de la peau.

1. Les objectifs d’une cure thermale

Dans une démarche de prise en charge en milieu thermal, 4 objectifs prioritaires vont être envisagés :

  • la modulation de l’inflammation du processus cicatriciel avec l’obtention d’un meilleur confort cutané, la diminution nette du prurit qui faciliteront la rééducation, la tolérance des orthèses compressives.
  • la lutte contre l’hypertrophie cicatricielle et ses complications esthétiques mais aussi fonctionnelles.
  • Le soutien psychologique qui passe aussi par une véritable éducation thérapeutique du patient.
  • L’apprentissage du maquillage médical correcteur quand les zones cicatricielles pénalisent l’image du patient et sa vie relationnelle.

Ces différents objectifs peuvent être envisagés qu’au travers d’un travail d’équipe au sein de la Station Thermale : dermatologues, masseurs-kinésithérapeutes, infirmiers, agents thermaux, psychologues, esthéticiennes doivent en permanence conjuguer et coordonner leurs efforts.

2. Quand proposer une cure thermale ?

La cure thermale devrait être idéalement proposée très précocement, y compris dans bien des cas avant une complète – réépidermisation du tégument. En facilitant le bourgeonnement et l’épidermisation, en modulant l’inflammation et prurit, l’Eau Thermale et les moyens physiques de son application vont limiter considérablement le risque hypertrophique, en complément voir en synergie avec d’autres approches thérapeutiques.

Par exemple, la réduction très significative du prurit sera un élément très intéressant pour le port prolongé d’une orthèse compressive, connue pour exacerber ce symptôme du fait de l’occlusion et de la délicate tolérance de certains matériaux.

3. Les modalités pratiques de la cure thermale

Les cures thermales durent classiquement 3 semaines. En règle générale, une seule cure par an est proposée. Dans le cadre des séquelles de brulûres, un traitement thermal plus prolongé, plus intensif est apparu comme souhaitable sinon nécessaire. À ce titre les troubles de la cicatrisation bénéficient souvent d’une tolérance particulière des autorités sanitaires, avec l’octroi du remboursement de 2 séjours de 3 semaines chacun, espacés de quelques mois et la même année.

Les soins thermaux :

Dispensés quotidiennement au sein de l’établissement thermal agréé par les autorités sanitaires et sous la surveillance d’un personnel qualifié, les soins thermaux comprennent :

  • Un bain général de 20 mn en moyenne, en baignoire individuelle. On privilégiera les bains à remous et les douches sous-marines. Ces dernières peuvent être automatisées, grâce à des jets judicieusement positionnés sur le fond et le pourtour de la baignoire. Le recours à des douches sous-marines manuelles est également possible grâce à une lance à eau thermale immergée dans le bain dont l’application est effectuée par un auxiliaire médical selon la prescription du médecin thermal. Le temps de contact prolongé entre la peau et l’eau thermale permettra à celle-ci de développer pleinement ces propriétés anti-inflammatoires, apaisantes et anti-prurigineuses.
  • La douche générale complète l’action du bain en facilitant l’élimination complètes des squames et croûtes encore présentes à la surface de la peau, en exerçant un effet dynamique de massage sur le tégument.
  • La douche filiforme pratiquée par le médecin, est considérée comme le soin thermal essentiel face aux processus cicatriciels pathologiques. Elle consiste en la projection sur les lésions d’un ou plusieurs jets très fins alimentés par une eau thermale sous forte pression modulable.
  • Les compresses d’eau thermale : pansements non tissés imbibés d’eau thermale, ils sont appliqués sur les zones particulièrement inflammatoires et prurigineuses. Le temps de pose est de 10 à 20 mn avec possibilité de réhumidification itérative de la compresse par l’auxiliaire médical.
  • Les massages sous l’eau sont effectués quotidiennement par le kinésithérapeute de l’établissement thermal. Le patient est allongé sous une rampe de douches à basse pression qui humidifient en permanence le tégument. Ce soin conjugue plusieurs objectifs : restaurer la mobilité articulaire, assouplir le tégument, et relaxer le patient parfois stressé et atteint dans son image corporelle.
  • Les pulvérisations d’eau thermale réalisent un fin brouillard diffus pendant 5 à 10 mn. Particulièrement antiprurigineux, ce soin est le plus souvent positionné à la fin de la séquence quotidienne de traitement.

D’autres techniques peuvent être proposées notamment des pulvérisations locales destinées au visage, cou, mains et même cuir chevelu.

La cure thermale n’est pas seulement un traitement physique. La Station Thermale est un lieu privilégié avec un environnement psychologique favorable au passage d’un cap critique fonctionnel et esthétique.

La station thermale d’Avène l’a bien compris en développant une approche globale proposée mais non imposée. Son objectif est de resocialiser rapidement le patient et restaurer une qualité de vie aussi satisfaisant que possible. Un programme de formation complet a été mis en place sous forme d’ateliers pratiques et thématiques, gracieusement offerts aux curistes adultes et enfants : Ateliers Hygiène-Hydratation, Alternative au grattage, et Relaxation.

L’Atelier de maquillage correcteur joue un rôle essentiel dans cet accompagnement à dissimuler les disgrâces transitoires ou permanentes. Grâce à des techniques simples et faciles le patient apprend à masquer l’érythème, l’hypopigmentation ou l’hyperpigmentation, et atténuer les altérations du relief cutané.

Le recours à la cure thermale est devenu un élément incontournable dans la prise en charge des séquelles cicatricielles. Cette démarche s’inscrit dans une prise en charge globale qui associe soins thermaux et éducation à la santé de la peau.